S. Martin-Kilcher: Der römische Goldschmuck aus Lunnern (ZH)

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Titel
Der römische Goldschmuck aus Lunnern (ZH). Ein Hortfund des 3. Jahrhunderts und seine Geschichte. Avec des contributions de Mylène Ruoss, Patrick Nagy, Jürg Leckebusch, Alexander Voûte, Hortensia von Roten, Debora Schmid, Stefan Sonderegger, Anita Bruman Cullen, Katja Hunger


Herausgeber
Martin-Kilcher, Stefanie; Amrein, Heidi; Horisberger, Beat
Reihe
Collectio Archaeologica 6
Erschienen
Zürich 2008: Chronos Verlag
Anzahl Seiten
369 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Daniel Paunier

Le trésor de Lunnern, découvert le 17 novembre 1741, constitue un ensemble archéologique exceptionnel à plusieurs titres : par la richesse et la diversité de sa composition, par les circonstances de sa découverte et de sa publication — une des premières fouilles à but scientifique — par l’intérêt suscité auprès des autorités politiques locales et des savants européens du siècle des Lumières, enfin par son intégration rapide dans les collections publiques en raison de sa valeur historique. L’étude pluridisciplinaire proposée, fruit d’une collaboration entre une douzaine d’auteurs, résulte d’un projet dû à l’initiative de l’Institut de préhistoire et d’archéologie des provinces romaines de l’Université de Berne, auquel se sont joints le Musée National Suisse et l’archéologie cantonale de Zurich. Elle se propose de réétudier le trésor, son histoire, son environnement et sa signification socio-culturelle à partir de la documentation disponible et à la lumière des progrès méthodologiques actuels.

La première partie de l’ouvrage rappelle les circonstances de la découverte (une fouille entreprise à l’instigation de l’autorité locale), la situation du trésor (dans l’angle maçonné d’une pièce) et sa composition exacte (17 pièces d’orfèvrerie en or pesant environ une livre romaine et 84 monnaies d’argent d’un poids équivalent) ; elle présente les rapports circonstanciés, les procès-verbaux, les publications détaillées et les illustrations qui ont immédiatement suivi, une riche documentation où l’ont relèvera un tableau du peintre zurichois J.B. Bullinger et une liste complète des monnaies avec leur détermination, permettant de fixer un terminus post quem de 249 apr. J. C. ; elle évoque aussi le large intérêt suscité en Suisse et à l’étranger par un trésor d’une valeur exceptionnelle,qui n’a point été fondu ou dispersé comme tant d’autres mais a été sauvegardé en raison de sa valeur comme source historique et document de mémoire ; sa publication intégrale en 1767 par le comte de Caylus dans le 7e volume de son célèbre Recueil d’Antiquités lui assurera une notoriété dans toute l’Europe ; elle rappelle enfin que la conservation du trésor a été confiée successivement à la bibliothèque municipale de Zurich (en 1761), à la Société des Antiquaires de la même ville (en 1840), puis, dès sa création en 1898, au Musée National Suisse, où les objets sont exposés aujourd’hui. Au cours du temps, les monnaies, distribuées comme cadeaux, dispersées ou intégrées dans des collections, ont disparu, de même que quelques objets. Mais grâce à la documentation d’origine, la totalité des parures et des pièces de monnaies mises au jour en 1741 restent disponibles aujourd’hui pour l’analyse. Le catalogue, très complet, qui intègre les données stylistiques et technologiques, offrepour la première fois une documentation graphique et photographique exhaustive du trésor, qui se compose originellement de deux paires de boucles d’oreilles, six colliers à chaînettes (dont l’un avec pendentif), un fermoir, deux lunules, deux disques de parures et un bracelet comportant des têtes de serpents stylisées. Chaque pièce est soigneusement décrite, analysée et comparée aux découvertes contemporaines similaires, qu’il s’agisse de trésors, de mobilier funéraire ou de statuaire. La datation proposée, entre 250 et 260 environ, est confirmée par les monnaies, concentrées sur une période très courte. Selon la nature du métal, la morphologie et les techniques, les parures peuvent se classer en trois groupes culturels (composantes romaines, gallo-romaines et régionales).

Le trésor de Lunnern est ensuite comparé à la cinquantaine de trésors de parures de la fin du 2e et du 3e s. connus en Gaule et en Rhétie orientale, ordonnés en quatre groupes selon des critères qualitatifs, technologiques et géographiques. Les dépôts monétaires contemporains, au nombre de plus de 1600 en Gaule et dans les provinces rhénanes, sont l’occasion de commentaires sur les lieux, identifiés seulement dans la moitié des cas (maisons, sanctuaires ou lieux sacrés) et les motifs (dons votifs, plus fréquemment présence d’un danger imminent) de l’enfouissement.

A partir de la répartition géographique des objets en or et en argent d’une part, des divers types de bijoux et de fibules d’autre part, la parure, considérée comme un indicateur de l’identité socio-culturelle, permet la distinction de particularités régionales dans le costume (les bracelets à tête animales ou les disques ornementaux, par exemple, constituent des marqueurs régionaux déterminants). Le trésor de Lunnern, indicateur de l’aisance matérielle d’une famille, reflet de la situation économique et de la mode urbaine en Gaule, devait appartenir, sur la foi des sources archéologiques, à deux femmes et à une jeune fille, appartenant à trois générations. Un chapitre établit la synthèse des structures et des objets découverts sur le site, de 1741 à nos jours, à l’occasion de fouilles, de sondages ou de prospections. Il appert désormais clairement que les vestiges appartiennent non pas une villa, comme on le croyait naguère, mais bien à une agglomération secondaire (vicus), occupée du milieu du 1er au 4es. au moins, centre régional dans une vallée alors densément occupée, port sur la Reuss et relais sur une voie unissant la région de Vindonissa aux vallées de l’Aar et du haut Rhône. Les deux derniers chapitres sont consacrés respectivement au peintre J.B. Bullinger et à son tableau illustrant les fouilles de Lunnern, peint en 1742, et à l’importance de la découverte de 1741 pour le renouveau de la recherche archéologique en Suisse au 18e s.

Sept annexes, dont on ne dira jamais assez l’utilité, complètent l’ouvrage : abondante documentation relative à l’histoire de la découverte, notices concernant les personnalités des 18e et 19e s. qui ont marqué les recherches, catalogue de la totalité des monnaies recueillies sur le site de 1741 à nos jours, analyses métallurgiques et métallographiques du trésor, commentaires des cartes de répartitions figurant dans le texte, tableau des principaux trésors de bijoux de la fin du 2e et du 3e s. et illustrations des ensembles de parures provenant de 14 trésors et d’une sépulture.

Cet ouvrage, richement illustré et documenté, loin de se limiter à l’analyse descriptive et stylistique de beaux objets, a le mérite de replacer les découvertes dans un contexte aussi large que possible et d’ ouvrir ainsi des perspectives historiques novatrices ; on retiendra, en particulier, la démarches d’identification culturelle à partir des vestiges matériels, un exercice certes difficile et délicat, mais en l’occurrence réussi parce qu’empreint de prudence et bien circonscrit. Les spécialistes trouveront dans ce livre, exemplaire à plus d’un titre, matière à stimuler leur réflexion et les lecteurs cultivés l’occasion de se rappeler, tout en prenant connaissance des résultats d’une recherche répondant pleinement aux exigences scientifiques actuelles, combien les racines du présent se nourrissent aux sources du passé.

Zitierweise:
Daniel Paunier: Rezension zu: Stefanie Martin-Kilcher, Heidi Amrein, Beat Horisberger, Der römische Goldschmuck aus Lunnern (ZH). Ein Hortfund des 3. Jahrhunderts und seine Geschichte. Avec des contributions de Mylène Ruoss, Patrick Nagy, Jürg Leckebusch, Alexander Voûte, Hortensia von Roten, Debora Schmid, Stefan Sonderegger, Anita Bruman Cullen, Katja Hunger. Collectio Archaeologica 6. Musée national suisse et Chronos Verlag, Zurich 2008. 369 p., 257 ill. Zuerst erschienen in: Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 92, 2009, S. 352-353.

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Zuerst veröffentlicht in

Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 92, 2009, S. 352-353.

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